Voici un autre sujet de discussion qui revient très souvent avec les sportifs qui font appel à mes services. Il est en effet beaucoup plus courant de trouver des professionnels proposant des tests avec mesure des lactates sanguins.

Tout simplement car les tests lactate présentent deux énormes avantages :
– la plupart des appareils sur le marché se trouvent pour moins de 500€
– leur taille compacte les rend transportables dans une poche
Là-dessus, le test VO2 ne peut pas rivaliser : l’analyseur de gaz en lui-même coûte plus de 25000€, sans parler des périphériques, consommables, système informatique dédié etc.
Par la même occasion, difficile d’apporter son laboratoire VO2 partout, car même si tout cela est transportable, il faut une alimentation électrique et des conditions stables (aussi bien pour la précision des mesures que la sécurité du matériel – on ne peut pas s’installer sous une tente au milieu d’un champ !)

Test Lactate : 2 – Test VO2 : 0

Mais attendez la suite…

Pour la réalisation d’un test lactate, il faut réaliser des prélèvements sanguins. Sans parler des notions d’hygiène, cela entraine de grandes limites :

– la sueur perturbe la qualité des résultats, il faut être extrêmement scrupuleux sur la procédure de prélèvement car le risque d’erreur est élevé. Au niveau du test VO2, l’échantillonnage des volumes respiratoires et des gaz expirés se fait de manière parfaitement contrôlée par un masque étanche.

Lactate : 2 – VO2 : 1

– le nettoyage du site de prélèvement, sa réalisation, l’interprétation par la lecteur, tout cela demande du temps. En pratique, il est difficile de réaliser de façon qualitative plus d’un prélèvement par minute. En face, l’échantillonnage constant de l’analyseur de gaz enregistre les valeurs toutes les 3 secondes. C’est au final au moins 20 fois plus de données récupérées lors d’un test. Et je ne parle même pas des acrobaties nécessaires pour réaliser un test lactate sur un tapis de course (à moins de faire des pauses à la fin de chaque palier pour sécuriser le prélèvement, mais on remplace un problème par un autre).

Lactate : 2 – VO2 : 2

– la précision des machines est déterminante, vous imaginez aisément qu’un lecteur de poche à 300€ n’a pas les mêmes prétentions ni les mêmes marges d’erreur qu’une machine de certification médicale 100 fois plus onéreuse, utilisée par des nombreuses universités et hôpitaux à travers le monde, et même dans l’espace par la NASA !

Lactate : 2 – VO2 : 3

– la mesure des lactates est extrêmement sensible à de nombreux facteurs tels que la fatigue, le stress, l’heure de la journée, l’alimentation, la consommation de caféine, etc. Dans ce contexte, il est assez difficile d’être reproductible, à moins d’être une fois encore extrêmement scrupuleux sur le contexte du test et de bien prendre note de toutes ces conditions. La capacité VO2 peut bien sûr dépendre de la fatigue (on demande 48h sans entrainement intensif avant le test), mais elle résulte d’adaptations beaucoup plus complexes et profondes, il n’y a pas de variation d’un jour à l’autre parce qu’on a consommé 3 tasses de café au lieu de 2.

Lactate : 2 – VO2 : 4

– et puis, que mesure-t-on?
La mesure des lactates permet de mesurer…les lactates! Produits par les cellules musculaires lors de l’effort, ces lactates sont sujets à de nombreuses transformations, transferts etc. Il est également réutilisé comme source d’énergie pendant l’effort, toute cette biochimie est complexe, variable d’une personne à l’autre, et surtout, non mesurable. Avec l’analyseur d’échanges gazeux, on enregistre de manière simultanée : les volumes respiratoires et la fréquence respiratoire (donc la ventilation), la fréquence cardiaque, l’oxygène consommé, et le CO2 expiré. L’analyse isolée et combinée de tous ces paramètres permettent d’avoir une vue d’ensemble complète de l’adaptation d’une personne à l’effort, sur le plan cardio-respiratoire et métabolique. Les lactates par exemple, vont entre autres être métabolisés et donner lieu à la libération d’ions H+ acides, neutralisés par le bicarbonates sanguins HCO3-, ce qui va donner de l’eau et du CO2, CO2 détecté et précisément mesuré par l’analyseur d’échanges gazeux…
C’est donc le jour et la nuit : avec le test lactate on regarde par le trou de la serrure, quand avec le test VO2 on ouvre la porte en grand.
Avec ce test VO2, vous n’obtenez pas ces 2 seuils lactiques “approximatifs”, mais 2 seuils ventilatoires extrêmement précis, le seuil d’adaptation ventilatoire SV1 et le seuil d’inadaptation ventilatoire SV2, plus la VO2max et ses paramètres associées (VMA/PMA, zones d’entrainements en allure/puissance/FC, etc.)

Lactate : 2 – VO2 : 5 (au moins!)

Alors, pour résumer, dans quelles situations faut-il privilégier un test lactate à un test VO2?
C’est très simple, 2 situations :
1) pour les sports explosifs qui ne sont pas des sports d’endurance (je pense à certaines disciplines d’athlétisme sur piste)
2) quand un test VO2 n’est pas disponible 🙂

Alors oui, j’ai quand même un lecteur de lactates dans mon bureau… et il a toute sa place pour les tests de puissance anaérobie! 😉

Si vous hésitez encore, amis coureurs, achèteriez-vous pour courir en 2024 des sabots en bois? Amis cyclistes, achèteriez-vous pour rouler en 2024 un vélo en acier, roues de 26″ et freins Cantilever?

Ne perdez plus de temps à vous entrainer approximativement et offrez-vous ce qui se fait de mieux!

A bientôt chez eVO2 😉